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L’amour n’est qu’une « Cicatrice », une rencontre qui vient tout chambarder
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L’amour n’est qu’une « Cicatrice », une rencontre qui vient tout chambarder

Par Rodney Saintil

L’amour est compliqué, c’est un animal sauvage  qui s’éclate dans un enclos, on essaie de le contrôler, mais on ne peut pas l’empêcher de se ruer de tous les cotés.

Maurice Cadet

L’amour est une rencontre, parfois un simple croisement qui bouleverse toute une vie. C’est la détente de la mort. Elle n’a ni prénom, ni visage.  Son passé transcende tout notre présent.  Amer ou tendre, elle  donne sens à la vie. Elle laisse aussi des cicatrices tatouées  dans le fin fond de notre être.

En effet, le roman intitulé Cicatrices, écrit par Maurice Cadet, raconte l’aventure amoureuse de Mo avec Bedy. Cette femme fascine Mo. Ce couple s’aimait d’amour tendre. Mais, cette relation est vite rongée par les crises existentielles, les sournois préjugés et les risques de l’éloignement. Surtout à cause du mal de vivre, des préjugés installés insidieusement dans la tête de son amour, Bedy.

Cet amour, essayant de survivre malgré la distance qui sépare les deux amoureux  s’est enfui un peu à cause d’une certaine tendance discriminatoire qui perçait timidement à cette époque.  Il n’est pas dilué dans le cercle temps. C’était une relation dissolue tiraillée par les peurs de  Bedy et par les tabous de son petit monde. Bedy n’avait pas le courage de commencer la lutte contre ce système raciste. Elle n’a jamais su ce qu’elle fera de cet amour.

Ce dilemme met Bedy face à une réalité qui n’est pas seulement liée à son vécu, à son assujettissement comme sujet mais comme un être en quête d’une existence en ligne droite. Sans obstacles. En fin de compte, Mo a été laissé toute seule au bord des falaises. Autrement  dit, pour reprendre Fanon dans Peau noire Masque Blanc, Mo est doublement écartelé,  non seulement en tant que  sujet face au système, luttant pour  l’amour, mais aussi comme  sujet noir discriminé à l’avance par le système.

Ce qui fait que dans le roman, nous avons un sujet (Mo), raviné d’incertitude. En mauvais état. Cela est dû au fait que la ferveur de l’amour n’existe plus en lui, elle disparaît, avec tout le sens de son être. De plus en plus sa relation avec le monde devient incohérente. Un sujet qui devient de plus en plus agressé par les signes des autres. Chaque instant est une veillée funèbre  où les gens chantent, l’irrémédiable temps de son départ. À chaque moment, un prénom fait surface : Bedy. « La volonté du sujet d’effacer ce visage de sa mémoire hante toute sa vie. Pour reprendre les mots de l’auteur, l’envie de dissoudre son ombre dans l’opacité des temps mauvais lui revient sans cesse.

Mo est en quête d’une raison d’existence, un mot, une orientation. Il vit avec courage dans son monde d’illusions. Son retour dans le pays natal arriva à le sauver des griffes possessives de sa compagne Bedy. À présent, il a une raison de vivre. Une seule ! Mo a fait une retrouvaille dans sa ville natale, une passion qui ne demande rien en retour.

Sa rencontre avec la poésie. Ce qui lui permet de retrouver l’équilibre de son esprit en dehors des traces sombres laissées par cet amour. La poésie nous confère à vivre des émouvants moments de bonheur. Cette joie d’écrire et de se relire comble tous les bonheurs de la vie, et cette flamme pour Bedy commence à s’éteindre au tréfonds de son être tout en sachant qu’un jour le vent peut ranimer cette passion, dans un autre contexte ou dans d’autres  circonstances.  Une  situation de plus en plus difficile à supporter.

À part, l’éloge de la poésie, l’auteur dégage toute une conception matérialiste de la vie, ce à quoi de prendre le flux de changement comme un fait normal,  les choses  changent et bougent. Cette acceptation a ouvert la liberté de s’accrocher aux valeurs immuables  qui hantent l’indigéniste dans son milieu natal, ce qui donne un goût de vivre, même en chute libre.

En outre, Maurice Cadet fait l’apologie de Jacmel qui voit mourir une partie de son âge. Né en face de la cathédrale, il n’accepte pas encore  la destruction de l’Église St Philipe et St Jacques.  Car tous les repères de son enfance se situaient dans ce quadrilatère, toute une enfance chiffonnée par la perte de ses points d’attache. Une potion difficile à avaler nous dit l’auteur. Il pleure dans la destruction de cette église toutes les belles saisons de son enfance.

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