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270 ans : les bonnes intentions de Port-au-Prince
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270 ans : les bonnes intentions de Port-au-Prince

Par Jean Emmanuel Jacquet

Le Maire actuel de Port-au-Prince, Youri Chevry, avait présenté en 2016, à peu près une année après son entrée en fonction à la tête de l’institution, le Plan d’Action de la Mairie de cette ville, ainsi que des détails sur le budget d’alors de l’administration.

Lors de cette conférence donnée à cette époque au Centre de convention de la BRH, le Maire avait placé au centre des débats les questions d’assainissement, de sécurité et du développement de la capacité attractive du Centre-ville de Port-au-Prince. Des questions pour le moins essentielles.

Avec un slogan à ce moment-là porteur : « Faisons revivre Port-au-Prince », le Maire Chevry avait articulé son intervention sur les stratégies à mettre en œuvre en vue d’atteindre les objectifs fixés par ce Plan d’action. En effet, trois grands axes prioritaires avaient constitué l’essentiel de son programme politique, à savoir : La Sécurité, prioritaire pour permettre aux citoyens de revenir au centre-ville ; la revitalisation urbaine, pour permettre à la ville de rester vivante ; et le Développement économique avec notamment une priorisation de la bonne gouvernance aux fins de résultats.

Défis pour le moins insurmontables

Au niveau de la sécurité, l’administration communale n’arrive toujours pas à élaborer des mesures urgentes en vue de réduire l’insécurité (la tendance voulant que cet aspect revienne à l’Exécutif) ; ni à instaurer au sein de l’institution une structure capable de cerner les problèmes liés à la sécurité civile des habitants, tel que promis. L’équipe ne peut pas non plus tenir sa promesse d’agir dans la protection sociale communale, ni d’arriver à sensibiliser par des actions solidaires, via la coopération avec le pouvoir central et les instances internationales de gestion de l’insécurité. Pourtant, les bonnes intentions ont été là.

Mais comment vraiment revitaliser la ville, après notamment les nombreuses crises politiques dont elle est l’une des principales victimes depuis quelques temps, sans compter les séquelles encore douloureuses du tremblement de terre de 2010 ? Comment ramener les gens à cette ville qui, aujourd’hui, pire encore, offre un visage désert, avec de parts et d’autres des carcasses de pneus et de voitures incendiées lors de manifs hors de contrôle, comme s’il y avait la guerre chez nous ?

La Mairie de Port-au-Prince avait en effet les idées pour changer de visage à l’horizon de ce 270e anniversaire de la ville. Les administrateurs communaux avaient pensé pouvoir faire participer les citoyens en les consultant directement. Le Maire savait également que cela ne pouvait pas être possible sans un plan d’urbanisme et une gestion fiable du cadastre et du foncier. Ce qui est là encore, à plusieurs endroits de la ville, une chose inexistante.

Cette revitalisation de la ville de Port-au-Prince, le Maire avait pensé qu’elle devrait passer par les marchés publics, les écoles communales, les centres de santé, la voirie, etc. Aussi, c’est important que la culture serait omniprésente pour offrir aux citoyens une alternative quand le flou plane et que le corps et l’esprit sont en panne d’évasion. Mais…

La situation économique de la commune de Port-au-Prince n’est toujours pas au beau fixe. La Mairie avait voulu reprendre le contrôle de la situation, tout en pensant à faire un diagnostic, à faciliter la création d’une caisse populaire communale pour les petits commerçants, à encourager l’entreprenariat culturel, etc. Et aussi, ce qui pour certains semblait fondamental, à agir sur le budget de la Mairie.

Crise de budget évoquée, perte d’horizons

Les grandes lignes budgétaires de l’exercice d’alors, selon le Maire, traduisaient de manière concrète les expressions de la volonté politique réelle de son équipe à l’égard des citoyens. Maid, aussi vrai que cela pouvait paraître et aussi bonnes les intentions, la ville continue, trois ans plus tard, de souffrir amèrement, notamment en termes d’investissement au développement de la commune (l’équipe avait d’ailleurs annoncé qu’un peu plus de la moitié du budget, soit 51.28%, serait alloué à cette rubrique là). Bon…

En tout cas, le Maire et son équipe avaient souhaité lancer un appel aux investisseur.e.s, aux commerçant.e.s, aux citoyen.ne.s, à réinvestir la ville de Port-au-Prince, tout en leur garantissant néanmoins la sécurité et des conditions nécessaires à ce retour.

Tout cela pour dire que les bonnes intentions quant au développement de la ville de Port-au-Prince ont été toujours là et le sont peut-être encore. L’exemple de l’actuel Maire est un cas de figure. Un exemple parmi d’autres. Bien avant lui, presque tous les autres, depuis ces trois dernières décennies, en sont passés par là. La ville de Port-au-Prince épouse ou dicte, c’est selon, la situation générale du pays. Quand Port-au-Prince va mal, tout le pays en pâtit ou en subit les conséquences. Qu’est-elle donc devenue aujourd’hui, malgré toutes ces visions des choses, ces promesses, ces administrations qui changent à tout instant, … qu’une grande tristesse … à réparer ?

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