Lauréat de la deuxième édition du Konkou Chante Nwèl de Télémax, une station de télévision de l’époque, avec son tube « Nwèl nan wèl ou » en 1997, Supa Deno est mort dans la nuit du 18 au 19 juillet 2020.
Selon les informations relayées par la presse locale, il a été sauvagement battu par des individus dans les parages de Portail Léogâne, un quartier situé au sud de la capitale haïtienne. Aux cotés de Georges Lys Hérard dit « Master J » père du rap créole haïtien, il faisait partie de Haiti Rap and Ragga avec Elyrac et T-Bird. Haiti Rap and Ragga avait fait un tabac ou début des années 90 avec les tubes : « Conscience Noire », « Match la Red », « Religion » qui ont bercé toute une génération. Quant au tube « Manmzèl » chanté par Master J et Supa Deno, il tournait en boucle sur toutes les stations de radio. Les jeunes de l’époque connaissaient par cœur plusieurs extraits de ce morceau aux rythmes entrainants.
Après la mort du père du Rap créole, Master J, on n’avait presque plus entendu parler de Supa Deno jusqu’au jour où il a remporté la deuxième édition du Konkou Chante Nwèl de Télémax avec « Nwèl nan wèl ou ». Ses meilleures performances aux cotés de Fabrice Rouzier, Keke Belizaire sont disponibles sur la chaine Youtube, on peut voir avec un plaisir toujours renouvelé le rappeur et l’interprète aux multiples talents qu’il a été. Depuis quelque temps, Moses Supa Deno est photographié dans les rues de Port-au-Prince dans un état lamentable. Il s’est comporté à la fois comme un marginal, un révolté de la société. On l’a rencontré le plus souvent dans les parages de l’Eglise Saint Anne à Morne à Tuff avec ses vêtements en haillon. Il buvait et fumait comme un forcené. La drogue était pour lui un exutoire qui lui permet de s’échapper de l’univers étouffant de la société haïtienne actuelle.
Supa Deno voulait réaliser un album en anglais, projet qui n’a jamais été concrétisé. Il avait aussi rêvé d’être un artiste de renommée internationale. Dans les derniers instants de sa vie, plusieurs artistes haïtiens comme Fresh-la de Vwadèzil et Atròs du groupe Rockfam Lame A lui avaient permis de suivre des cures de désintoxication à la drogue dans un centre spécialisée à Port-au-Prince. Avec la mort de Supa Deno, c’est le rap créole qui est en deuil ; à défaut de faire de lui un disparu, faisons de lui un modèle et souvenons- nous de sa contribution pour avoir été l’un des premiers à porter le rap créole haïtien sur les fonts baptismaux.