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Nos métiers : Laurent Adam et ses sandwichs au saucisson
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Nos métiers : Laurent Adam et ses sandwichs au saucisson

Par Adlyne Bonhomme

 

« Je pousse ce charriot partout dans cette ville, il y a de longues années. J’étais avant un ferronnier qui gagnait plus ou moins de quoi faire tourner le moteur de sa famille », raconte Laurent, qui ne ménage rien quand il faut ouvrir du pain et y mettre du saucisson et en y ajoutant tout ce qui compose le sandwich. « Je travaillais dans un atelier au bas de la ville, mais j’ai dû quitter ce métier pour avoir eu les yeux éprouvés et incapables de continuer à porter le poids journalier des feux de la soudure », poursuit ce père de deux filles qui sort un petit rire espiègle à la question s’il ne trouvait pas un peu dangereux de craquer une allumette aussi fréquemment qu’il le fait et de promener un pot de propane à travers les rues de la ville.

 

C’est d’un charriot qu’on trouve dans les super marchés visiblement recomposé dont Laurent parle, avec un espace pour le pot de propane qui alimente le réchaud, des cavités pour les bouteilles de sauces et des crochets où se trouvent fixé tout un assortiment de sachets de pain à emballages aux couleurs bigarrées. Dont le tout aligné donne l’impression d’un beau tableau naïf.

 

Ce jeune homme qui aura 30 ans en novembre prochain et qui cherche à faire une certaine impression à chaque réponse donnée, offre ses sandwichs au saucisson dans tous les coins et les recoins de Pétion-ville. Même si les places publiques restent ses lieux privilégiés de vente.

« On ne peut pas gagner gros en vendant des sandwichs au saucisson. D’ailleurs, ça pullule. On en trouve un peu dans toutes les artères. Mais je n’ai pas à me plaindre non plus, ça apporte ce qu’il peut apporter. Je ne peux que dire merci à Dieu de la santé qu’il me donne à pouvoir sortir tous les jours », répond Laurent à la question de ce qu’il perçoit dans ce commerce.

 

Pas de jours fériés, pas de pause pour Laurent, qui croit qu’un père, ça bosse dur pour élever ses enfants dans la dignité. D’ailleurs, s’il vend les sandwichs le jour, il est agent de sécurité la nuit. « J’ai de sérieux projets pour mes filles qui avancent très bien avec l’école primaire maintenant. Leur mère, depuis la naissance de la plus jeune connait une santé fragile qui ne lui permet d’ailleurs guère de pouvoir bouger comme je fais, confesse celui qui se plaint de ce qu’il n’existe pas un système de prêt en Haïti, qui pourrait l’aider à son rêve de renouer un jour avec son métier de ferronnier en montant son propre shop et d’employer des jeunes formés en la matière pour y travailler.

« Seul un prêt pourrait vraiment m’aider à réaliser ce rêve. Le matériel est couteux et ce que je gagne ne me permet pas ce plan pour l’instant », ajoute celui, taquiné sur ses passe-temps, dit être un fou du football et avoir un passif très lié à la lecture. Même s’il était incapable de se souvenir d’au moins un titre qu’il a lu.

 

Covid oblige, notre conversation s’est fermée sur une petite ouverture par rapport à la pandémie : Laurent dit faire ce qu’il faut pour maintenir un comportement respectueux des règles de protection. Il croit toutefois que la population n’est pas tout-à-fait conscient de la taille du danger, vu ce qu’il les a vu afficher en terme d’attitude par rapport à la maladie.

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