Par Walner Olivier
Wilbens Jeudy, natif de la ville d’Alcibiade Pommayrac, a publié au mois de mai 2021, aux Éditions Pulùcia, son recueil de textes ‘’Cahier d’un Tour au Pays de l’Oncle Sam’’. Texte qu’il a signé le 27 mai dernier à Jeux Dits Pwezi, au local de Vieux Four Bar, à Jacmel.
‘’Cahier d’un Tour au Pays de l’Oncle Sam’’ développe, dans sa structure de surface, une relation d’intertextualité avec le chef-d’œuvre d’Aimé Césaire : ‘’Cahier d’un retour au pays natal’’.
Toute création littéraire contiendrait la trace d’une autre œuvre. Tout texte entre en interaction à un autre soit par allusion ou par commentaire, etc. Un lecteur connaissant le long poème ‘’Cahier d’un retour au pays natal’’ de Césaire décèle le titre de Jeudy comme intertexte. Car, la notion, d’intertextualité est, selon le critique littéraire M. Riffaterre, 1980, « la perception, par le lecteur, de rapports entre une œuvre et d’autres qui l’ont précédée ou suivie. Ces autres œuvres constituent l’intertexte de la première. La perception de ces rapports est donc une des composantes fondamentales de la littérarité d’une œuvre.»
Ce recueil de textes poétiques se rapproche du Cahier d’un retour au pays natal dans sa forme. Ce lien se manifeste notamment au niveau du discours intitulant. La structure de surface du paratexte. Les auteurs sont tous deux des Antilles. Mais ils regardent le monde différemment.
« J’ai un coup de cœur/ Au tournant d’un delta du ciel/ Pour Jetblue/ Grace à ses environs/ A 320/ A321/ Qui sillonnent le ciel/ De A à Z/ Pour ca,/ JetBlue/ (coup de cœur,11) « L’université par excellence/ Au rang des premiers/ Dans l’univers des Top Ten américain/ La fréquenter a un prix/ A l’instar de Standford/ Elle se détache du lot/ Y accéder à prix / C’est comme gagné au gros lot / Et nominé pour un Nobel à l’avenir/ Un peu de sacrifice/ Je vous en prix / Pour ce temple Mithique » (Harvard, 22)
Le Cahier d’un tour au pays de l’Oncle Sam s’oppose à l’œuvre d’Aimé Césaire en ce qui concerne le contenu. Si l’énoncé poétique du Martiniquais s’enracine dans sa terre natale, et critique la question du colonialisme, et est un des textes fondateurs de la Négritude, Wilbens se prononce sur l’expression de mode de vie, des conditions et des conforts des USA dans son carnet de voyage.
« Elle est presqu’inaccessible/ En bus/ En train/ En ce jour de pluie/ Manhattan est en larmes/ Pour cause de grands travaux/ Je te pleure Man Nana, mon cœur ! (Manhattan, 25)
« Chaine d’information par excellence/ Chouchou des foyers américains/ Pouls politiques du reste-du-monde/ Qui informe/ Qui désinforme/ Qui fait la différence/ Entre grain (info) et l’ivraie (intox)/ Dans une information totale/ Si CNN le diffuse/ C’est VAR/ Ou c’est FOX ! »(CNN, 30)
Soda le plus consommé du monde/ Sans goût ou presque/ Servit toujours à froid/ Surtout en été chaud/ C’est un coût calculé/ Par rapport à sa couleur Noire/ Un bien bonne boisson quand même/ En hommage sans doute/ Au commencement du bois d’ébène» (Coca-Cola, 31)
L’auteur confirme que Césaire influence bel et bien l’intitulé de son œuvre. « En pensant au fameux recueil de poèmes de Césaire : Cahier d’un retour au pays natal.[…] De là, j’ai mon titre pour parler de mon tour au pays de l’Oncle Sam et d’écrire le quotidien», a précisé Wilbens Jeudy avec Darialine Jean-Baptiste de Sibelle Haïti. Cette technique d’intertextualité parait être une stratégie en vue d’attirer l’attention des lecteurs. Car, le titre comme élément paratextuel est une unité rhétorique ayant une fonction incitative.