Initiée par le nouveau DG de la Direction Nationale du Livre (DNL), le poète Jean Emmanuel Jacquet, « Carte de confinement » est une série de rencontres avec les intellectuels et les écrivains du pays. Ces derniers livrent leurs impressions sur l’état actuel du monde et expliquent à Wilson Paulemond de la DNL comment ils profitent de ce temps de confinement pour travailler dans la solitude, se consacrer à l’écriture d’un livre, parce que tout simplement l’écriture est quelque chose d’évident pour les travailleurs de la plume.
Après avoir reçu Jean Euphèle Milcé, Lyonel Trouillot c’était le tour d’Emmelie Prophète, autrice de : « Un ailleurs à soi », un roman à succès paru chez Mémoire d’Encrier à être presente dans cette « Carte de confinement. »
Emmelie Prophète a permis aux internautes de cheminer dans le territoire spacieux de ses pensées, de ses réflexions. Elle a montré, avec force l’utilité de la littérature en ces temps de pandémie.
Et tout d’un coup, il y a une question qui surgissait dans cette « Carte de confinement », comment la littérature peut elle traduire en ces temps d’isolement et de recul réflexif, par ces temps de désenchantement, de grandes inquiétudes le tourment des hommes? « La littérature peut servir à tout. Déjà, la littérature par ces temps de virus, ces temps de confinement peut aider à espérer, elle peut être un refuge, pourvu qu’on prenne la peine d’ouvrir un livre, de chercher un auteur qui peut vous parler parce qu’il s’agit de cela aussi, de chercher quelque chose pour soi et pour les autres » a expliqué Emmelie Prophète.
Elle s’est, par ailleurs, appuyée sur « La Peste ». Ce roman d’Albert Camus qui, selon elle, est un très beau livre, un livre d’actualité, dans lequel le lecteur fait face à une langue magnifique et se rend compte que la bonne littérature traverse le temps. Cette littérature là, finit d’après elle, par trouver son ou ses public (s) dans toutes les langues.
La littérature peut nous permettre aujourd’hui de réfléchir à notre propre réalité, a-t-elle poursuivi. Une réalité qui passe à travers les auteurs, parce que les auteurs sont ceux qui disent des choses au dessus de tout et au-delà de l’actualité… »
Plus loin, l’autrice du recueil de poèmes « Des marges à remplir » a soutenu que la littérature permet de respirer. « C’est une halte qui vous donne des arguments pour comprendre ce qui se passe, pour aller au delà de ce que vous voyez. Donc, la littérature plus que jamais aujourd’hui est extrêmement utile pour comprendre mais aussi pour se projeter. »
Réagissant à une analyse de Wilson Paulémond qui croit que la littérature peut aussi aider à espérer en dépit de l’immédiateté, en dépit des urgences, l’écrivaine Emmelie Prophète croit dur comme fer que la littérature peut effectivement aider à espérer. Pour elle, nous sommes dans une désespérance où aucune seconde n’est garantie : « Ce que nous avons c’est l’instant présent. La littérature vous permet de vous protéger. Elle vous garde à l’intérieur parce qu’il y a beaucoup de consignes vous disant comment il faut faire pour ne pas être contaminés par le virus. La littérature vous protège de l’ennui » a-t-elle fait savoir.
Elle a aussi fait remarquer que cette épidémie est entrain de changer nos vies, le rapport avec l’autre, ce besoin d’affection, ce besoin de présence physique. « On peut revisiter l’humanité dans ce qu’elle a été récemment avant à travers la littérature, Il y aura une survivance de ce que nous avons été comme hommes et comme femmes à travers les produits culturels. Tous nos souvenirs d’avant se trouvent dans les livres et ça nous permet de garder le cap et se dire que les beaux jours vont revenir » a-t-elle conclu.