Par Marc Exavier
L’un des participants les plus assidus aux ventes-signatures de c3 Éditions et aux conférences-débats du Centre Culturel L’Amaranthe aux Gonaïves est un nonagénaire nommé Guy Déjean. Né en 1930, à Pétion Ville, dans une famille bourgeoise – cousin du linguiste Yves Déjean – c’est d’abord dans le travail de la terre qu’il accomplit sa vie professionnelle.
Dès 1951, il s’est établi dans le département de l’Artibonite, en premier lieu à Saint Michel de l’Attalaye, à l’ombre de l’agro-industriel, Louis Déjoie, qui exploitait plus de 300 hectares et produisait pour l’exportation, à grande échelle, des huiles essentielles à base de coton, de vétiver, de citronnelle ou de géranium.
« Déjoie m’a appris à aimer la terre, se souvient Guy Déjean. Il passait sa journée avec moi dans les champs. Je voulais faire l’École d’Agriculture, mais je n’ai pas réussi à y entrer. J’ai seulement eu la chance d’effectuer un stage à Damien. Déjoie m’a tout appris. »
Après 1957, Louis Déjoie, candidat malheureux à la présidence face à François Duvalier, dut partir pour l’exil. Guy Déjean s’est retrouvé en charge de ses propriétés à Saint Michel de l’Attalaye. Mais très vite il fut la proie de persécutions politiques et se retrouva même en prison.
« J’ai appris à dompter l’adversité, clame-t-il. »
Guy Déjean à la salle de conférence du centre culturel l’Amaranthe
C’est avec une usine de citron aux Gonaïves qu’il rebondit dans les affaires au début des années 1960. Ensuite il se lança dans la fabrication de blocs et d’autres entreprises florissantes. Propriétaire du Village des Dattes, Guy Déjean demeure l’un des notables les plus appréciés de la cité de l’Indépendance.
« Il faut vivre sa vie pleinement là où l’on se trouve, conseille-t-il. J’ai toujours cherché à ne pas me faire d’ennemis. J’ai été emprisonné, mais j’ai pardonné à tout le monde”.
Les paroles de Guy Déjean regorgent de sagesse et sa vie ressemble à un long roman, lui qui dit préférer les livres d’histoire. Élève moyen à Saint-Louis de Gonzague, condisciple et ami du brillantissime Lesly Manigat, c’est après ses études secondaires qu’il s’est mis à lire tout ce qui touche à l’histoire d’Haïti, voulant combler les lacunes laissées par l’école sur la connaissance de notre pays. Il consultait inlassablement les livres et les journaux. Et au fil des années, il avait accumulé un tas d’ouvrages, et des jeunes des Gonaïves venaient souvent profiter de son imposante bibliothèque que les inondations de 2004 et 2008 ont malheureusement dévastée.
« Je suis en train de reconstruire ma bibliothèque, en achetant les livres de c3 Éditions, surtout ceux qui traitent d’histoire”.
Lors de cet entretien que nous avons eu dans sa villégiature de Passe-Reine, Guy Déjean était en train de relire un passage de l’un de ses livres de chevet, « Le Succès par la Pensée Constructive » de Napoléon Hill et W. Clément Stone.
« Si j’avais lu cet ouvrage durant ma jeunesse, j’aurais connu encore plus de succès dans ma vie confie-t-il, comme avec une pointe de regret ».
À 90 ans, il lit et rêve encore.
______________
PS: SiBelle Haïti veut produire un travail de qualité dans le secteur, et pour cela, souhaite vivement financer son programme pour qu’il puisse durer. Si vous êtes intéressés à contribuer ou à aider, envoyez un mail à sibellehaiti@gmail.com, notre équipe s’entretiendra avec vous pour savoir comment vous pouvez le faire.
N’hésitez pas à aimer nos pages Facebook, Twitter et Instagram, à partir de ces liens :
https://www.facebook.com/SiBelleHaiti/
https://twitter.com/SiBelleHaiti?s=08
https://www.instagram.com/invites/contact/?i=1w2simhemzyle&utm_content=6j1ixsn