Par Lord Edwin Byron
André Fouad avait 13 ans quand il écrivait son premier poème. C’était un hommage au Père de la Patrie, Jean Jacques Dessalines. Et depuis, il n’a pas désengagé son amour pour la création poétique. Tant de folies ont pris corps dans ses cahiers de notes et sur tout ce qui lui tombait sous la main. Son timbre médium était aussi de la partie, comme pour donner plus d’énergie et d’éclat à ses textes. C’en était le cas, bien sûr. Il allait très tôt revêtir son manteau de diseur, et a pu gagner l’attention de plus d’un avec sa voix devenue, au fil du temps, une véritable matrice de fascination.
Le temps filait. D’autres poèmes sont nés. Son engouement n’a pas connu de demi-mesure. A vingt ans, il publiait son premier recueil « Gerbe d’espérance ». Une expérience qui n’a pas été sans effet sur ses premier.ère.s lecteur.ice.s. Toujours avec la même passion, il n’a pas mis de temps pour doubler la mise avec un autre recueil intitulé « En quête de Lumière ». Cette fois, il s’agissait d’une co-publication avec son camarade de classe, Junior Mentor. Aujourd’hui André Fouad compte une dizaine de titres à son actif.
« Je ne me souviens plus des vers que je considère aujourd’hui comme des oeuvres de débutants, innocents et naïfs »
Fouad est bien sûr le poète des villes qui bougent. Sous sa verve, tout meut, respire et parle. Il est surtout choyé pour son grand talent qui lui permet d’agencer, avec entrain, sa folie au diapason de toutes les beautés de la nature pour dépeindre les émotions les plus fortes. D’aucuns restent convaincus que la poésie de Fouad est une aventure qui arpente tous les recoins de la nature, une poésie attractive réglée aux rythmes de toutes les saisons. Bref, une poésie-spectacle.
Fouad et ses coups de cœur.
Fouad entretient des rapports très cordiaux avec les poètes de sa génération. « J’ai tant d’admiration pour l’actuel Ministre de la Culture, Emmelie Prophète qui m’a fasciné dans sa derrière oeuvre romanesque » Les Villages de Dieu » primée dans plusieurs concours littéraires à l’étranger. L’auteur de « Etensèl mo » est un mordu des touches magiques et fantastiques des poètes Coutechève Lavoie Aupont (Make Pa), Bonel Auguste (Fas doub lanmo), Fred Lafortune (Ann Lazil), Dominique Batraville (BOULPIK) et surtout Jean D’Amérique (Petite fleur du ghetto).
Ameri Baraka, Jack Kerouac, Amir Sulaiman, Maiakovski, Georges Castera, Lyonel Trouillot, Davertige, Raymond Chassagne, Manno Eugène, Marc Exavier, Gary Augustin, Syto Cavé, Jean Euphèle Milce, Arthur Rimbaud sont parmi ceux qu’il affectionne le plus.
Comme tous les créateurs, il a du mal à avouer son livre de prédilection. Il est, par ailleurs, tout à fait sensible à l’impact qu’a eu « Bri lan nwit » sur son parcours poétique et ses émotions. Publié en juin 2000, aux éditions Pages ailées, sous la direction de son mentor et grand frère, Jean Euphèle Milcé, « Bri lan nwit » est « un ouvrage therapeutique qui m’a épargné de la drogue et de la folie après la disparition de mon père Gaston André dans un terrible accident de la route le 3 février 1995, le jour de l’anniversaire de ma mère Jesula Placide André » .
» « Bri lan nwit » m’a permis de m’exprimer librement , d’essoufler et de voir la vie autrement. »
» Simityè fè nich
nan chak dwèt mwen
la ri sous matla chita nan lesprim
depi 3 fevriye »
(Sous matla)
Sa vie est entièrement liée à la poésie . « Je ne saurais concevoir ma vie sans elle (…). La poesie va au delà d’un medium, c’est un life style, un mode de vie, un monde tout à fait spécial et unique habité par les dieux de l’amour, du vivre ensemble, de la tolérance et de la lumière. »
Installé aux États-Unis depuis plus de 10 ans, il est loin de s’accrocher à une quelconque appellation de poète de la diaspora. Il s’identifie plutôt comme étant un poète terrien humaniste au sens de Fernando Pessoa: « Tout ce qui est humain m’emeut. Tout m’émeut parce que j’ai la vaste fraternité avec l’humanité véritable et mon coeur est un peu plus grand que l’univers tout entier… »
Publications
« Gerbe d’esperance « (1992)
« En quête de Lumière » (1992)
« Bri lan nwit » (2000)
« Etensèl mo m yo » (2006),
« Souf Douvanjou » (2010)
« PYE POUDRE « (2018)
« LAWOULI » (2019
»FLÈ ZILI »(2020)
« PLAS PIBLIK » (2021)
« Djounba pou dlo ble » (2022).
Prix et récompenses
2007 : Poète de l’année à la 7e édition du mois de l’héritage culturel haïtien, Miami.
2007 : Artiste de la saison Alliance Française de Miami.
2009 : Trophée Plume Ailleurs de la littérature haïtienne (compagnie internationale d’art).
2010 : Prix littéraire Joseph Charles, pour son livre « Etensèl mo m yo ».
2012 : Prix Félix Morisseau Leroy Canada, pour l’ensemble de sa production en créole haïtien.
2015 : Prix de la meilleure performance scénique, Montréal, le mois du créole.
2016 : Nominé à Haitian Awards, pour le CD « Lè pwezi m jwenn van ».
2016 : 2e prix Kreyòl Dominique Batraville, Jacmel, pour « Souf Douvanjou » .
2017 : Best poet by Haitian Academy Awards, Orlando (Floride).
2018 : Trophée, Outstanding Poet of the Year, New Jersey.
2019 : 2e prix de la rosée pour « Lawouli », Gonaïves.