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Haïti, la République dominicaine et Cuba : que nous propose Sauveur Pierre Etienne ?
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Haïti, la République dominicaine et Cuba : que nous propose Sauveur Pierre Etienne ?

Par Stephen B. Alexandre

Lire autrement le passé pour mieux comprendre le présent et interpréter les évolutions futures

Paru en 2018 chez L’Harmattan, l’ouvrage du docteur Sauveur Pierre Étienne intitulé Haïti, la République dominicaine et Cuba : État, économie et société (1492-2009), est d’une grande portée historique et politique. Plaçant les trois pays ayant connu un long processus de colonisation et de décolonisation au centre d’un examen pertinent, l’auteur propose un angle qui se veut hautement réflexif. Lequel examen tient de grandes distances par rapport aux multiples interprétations jugées fantaisistes par Jonathan Friedman, préfacier du livre et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales de Paris.

Si Paul Valéry a tenté de faire une fameuse comparaison entre  l’État fort et l’État faible, à savoir que « … Si l’Etat est fort, il nous écrase. S’il est faible, nous périssons », Sauveur Pierre Étienne nous invite d’entrée de jeu à cerner une toute autre dimension dans la façon de comprendre l’État en tant que macrostructure. « Si l’État est fragile au point de s’effondrer souvent, nous devenons nostalgiques de sa douce oppression ».

Cette troisième assertion vient conforter l’analyse de l’auteur sur l’État faible mais fonctionnel en République dominicaine, l’État  fragile en Haïti et l’État total non socialisé à Cuba. La perspective est marxienne et puise son essence dans la façon dont l’auteur tient à étudier le niveau d’autonomie de l’État par rapport à la société.

Extraits

« Cette façon d’appréhender le problème de construction et de formation de l’Etat en Haïti, en République dominicaine et à Cuba nous oblige à définir une stratégie méthodologique complexe. Elle réside dans l’intégration du structuralisme wébérien, qui met l’accent à la fois sur les contraintes et les opportunités qu’offre le contexte dans lequel évoluent les acteurs, au « décisionnisme conséquencialiste ». Ce dernier implique une vision non déterministe de l’histoire, prenant en complétant capacité des êtres humains à prendre librement des décisions… » Page 23

« L’anarcho-populisme, le trafic de la drogue et la corruption généralisée prennent des proportions inquiétantes sous la présidence de Jean-Bertrand Aristide. Les bandes armées contrôlent l’administration publique au point que le monopole de la fiscalité s’effondre littéralement. La vaste activité d’escroquerie concernant le vol des capitaux des coopératives achève de renforcer l’image d’État-mafia qu’offre l’équipe gouvernementale Lavalas et dont les citoyens ont marre. » Page 336

De l’expansionnisme européen à l’évolution de l’État en Haïti, en République dominicaine et à Cuba en passant par la construction et la formation de l’État moderne dans la Caraïbe, l’auteur de Haïti: l’invasion des ONG paru à Montréal en 1997, a aussi souligné les rapports d’interdépendances complexes et dynamiques qu’entretiennent ces trois États.

La lecture de cet ouvrage permettra à tous, particulièrement aux universitaires de mieux comprendre le contexte de la fondation des trois États et de mieux interpréter leurs évolutions futures. 1492-2009, 517 ans d’histoire enchevêtrés, pour répéter l’auteur, qui offrent trois variantes du modèle d’État national occidental: Haïti,  État fragile, République dominicaine, un État démocratique faible mais fonctionnel et Cuba, État total non socialisé.

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