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LE CRI DE CHARDONNETTE
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LE CRI DE CHARDONNETTE

Par Mérès Weche

 

Beaumont en Grand-Anse, jadis 4e Section rurale de Corail, sous la dénomination de « Nouveau Plymouth« , par Alexandre Pétion, est devenue officiellement Chef-lieu communal en 1983. Bien que cette décision géopolitique fut prise depuis 1979, elle a été gardée sous le boisseau pendant quatre ans, à la suite de manœuvres administratives menées en haut lieu par les autorités de Corail qui voyaient dans cette accession de Beaumont à l’échelle communale, non seulement la perte de leur grenier agricole et fiscal, mais aussi de grandes privations économiques liées à la répartition territoriale qui s’imposait.

 

Même avec son nouveau statut de Chef-lieu communal, la rendant indépendante de Corail, Beaumont va faire face à un nouveau nœud gordien qu’est sa dépendance politique par rapport à l’arrondissement de Pestel qui lui impose un député à chaque législature.

 

Au début des années 2000, pour des raisons purement électoralistes, des recoupements communaux étaient devenus indispensables sur toute l’étendue du territoire national. De là, Beaumont va se caractériser comme une circonscription distincte, élisant son propre député. Ainsi, la préoccupante question de délimitation territoriale avec Corail revient sur le tapis; bec et ongles, Beaumont lutte pour avoir gain de cause dans son désir d’annexer Chardonnette et Mouline, respectivement ses 2e et 3e Sections communales d’aujourd’hui, distantes de Cassanette, la première section, qui est un prolongement du centre-ville de Beaumont. La planche de salut pour cette dernière a été fort heureusement le recoupement favorisant un député par commune.

 

Depuis son accession comme Chef-lieu communal, Beaumont reproduit dans ses trois Sections communales les mêmes schèmes de comportement quelle reprochait à Corail et Pestel; relation disproportionnée qui est vécue comme une stigmatisation par Chardonnette en particulier, jamais représentée dans le cartel municipal. Si, par commodité politique, et pour des raisons stratégiques, Mouline est souvent sollicitée pour en faire partie, il reste que c’est une simple figuration féminine dominée par des hommes, sous prétexte de respecter le quota de représentativité exigé par la loi électorale.

 

Il existe à l’heure actuelle ce qu’on pourrait appeler « le cri de Chardonnette« `, caractérisé par un vague souvenir improductif de Corail et par une absence de prise en charge par Beaumont qui la traite en parent pauvre. L’histoire de Chardonnette pourtant fait d’elle le point de départ de l’évolution de Corail, comme ville anciennement flibustière, développée par une poignée de familles issues de cette zone traversée par l’ancienne route coloniale menant à Jérémie. Les vestiges de ces infrastructures n’ont pas tout à fait disparu.

 

Les récriminations de Chardonnette comme « section communale oubliée«  par l’administration de Beaumont sont réactivées par les pertes subies, non prises en considération, depuis la tempête tropicale Matthew, jusqu’aux récents dégâts occasionnés par le puissant séisme du 14 août 2021. Ces privations, sont-elles entièrement imputables à la mauvaise répartition des « aides communales reçues«  ou à un déficit d’intervention équitable de la part des autorités départementales Ɂ

 

Cassanette, de son côté, comme première section communale de Beaumont, s’est toujours plaint des stigmatisations subies de la part du centre-ville, au point de considérer – avec une pointe de fierté – qu’elle est beaucoup plus urbanisée aujourd’hui que Beaumont-centre, avec la Route nationale No 7 qui la traverse, lui offrant une grande artère principale dotée de réflecteurs la nuit. Une ville dans la ville, pourrait-on dire.

 

Avec ce séisme dévastateur qui a mis toute la commune dans le désarroi, l’heure est à la solidarité municipale, afin que toutes les ressources soient partagées équitablement, et que la vie communale en général soit synonyme de mise en commun, à l’exemple d’Abricots, partie en plein mer secourir Pestel avec des embarcations chargées de vivres alimentaires.

 

La Grand-Anse, c’est tout un voyage, de Duchity à Irois, en passant par Beaumont, Roseaux, Marfranc, Moron, Chambellan, Dame-Marie et Anse- d’Ainault. C’est aussi une conjonction de sensibilités qui doivent se traduire aujourd’hui en gestes d’amour et de solidarité à gissante.

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