Le Judaïsme, comme on le sait, c’est la religion des Juifs, descendants des Hébreux. Sa caractéristique essentielle, c’est la croyance en un Être Suprême, créateur de l’univers, Une et indivisible, qu’Il gouverne par sa Providence et sa Toute-Puissance; lequel Être supérieur communique avec l’humanité par sa parole révélée.
On appartient au Judaïsme, par la naissance ou par adhésion volontaire à un groupe particulier, et l’on bénéficie de « l’élection divine » rattachée à la nation juive d’Israël.
Gérard Étienne, un homme de plume
Poète, écrivain, linguiste et journaliste haïtien, Gérard Étienne quitte Haïti sous la dictature de François Duvalier, après avoir connu la prison et tous les sévices corporels et moraux qui s’y rattachent dans ce régime autoritaire et sanguinaire. Il débarque à Montréal au début des années 60, pour se retrouver à la fois dans l’enseignement et le journalisme, tout en se consacrant à l’écriture poétique et romanesque, ses deux activités littéraires de prédilection. Ses œuvres, d’une profondeur de pensée remarquable, figurent dans plusieurs anthologies françaises et haïtiennes. Nombre de ses romans sont traduits en anglais, allemand et portugais.
Gérard Étienne, converti au Judaïsme
Par amour pour Natania, fille du grand rabbin de France, David Fuerwerker et son épouse Antoinette, Gérard Étienne se convertira au Judaïsme et lui donnera deux enfants, Joël et Michaëlla, élevés dans la foi religieuse traditionnelle de leur mère et dans l’amour inconditionnel des lettres professé par leur père.
La conversion de Gérard Étienne au judaïsme est une réelle profession de foi qui étonne les Juifs les plus convaincus de leurs valeurs religieuses. Il y adhère avec une telle croyance qu’on se rend à l’évidence que l’amour vrai fait des merveilles.
En dépit de la réprobation que son union avec Natania suscitait dans la famille Fuerwerker, Gérard Étienne ne baissait pas pavillon dans son désir de séduire le clan juif, par son esprit créateur, sa grandeur-d ’âme et son sens aigu des réelles valeurs.
Des révélations de la première heure
Jeanne- Sophie Lavoie, qui n’était pas encore née, ainsi que son frère Bruno, qui n’avait que trois ans, parlent avec enthousiasme du geste humanitaire posé par leurs parents, les époux Lavoie d’Outremont, qui avaient offert un accueil chaleureux à ces deux jeunes amoureux en quête d’un refuge pour échapper au refus catégorique de ce lien qu’affichaient les Fuerwerker, en particulier ce rabbin repu aux questions d’appartenance religieuse. Jeanne-Sophie parle d’adoption pure et simple consentie dès lors par ses parents, car vingt-ans s’étaient écoulés avant que Gérard ne pût être accepté par ses beaux-parents.
De son côté, Ninette Rosen, juive d’origine marocaine, qui ne tarit pas déloges pour Gérard, infirme la question de couleur, pour préciser qu’il s’agissait chez les Fuerwerker d’une position de famille liée à la seule religion. Pourtant, affirme-t-elle, le Christianisme et le Judaïsme sont issus d’un même sein, en référence à l’histoire des jumeaux Ésaü et Jacob, nés des liens naturels d’Abraham et de Rébecca. Elle insiste pour dire que c’est la valeur de Gérard aux yeux des uns et des autres qui lui pava finalement le chemin vers les Fuerwerker. Je l’écoute religieusement dire։ « Gérard fut un esprit magnifique, très épris de justice et d’égalité. On ne peut l’avoir connu et fréquenté sans être marqué par son humeur joviale et sa grande culture ». Ninette Rosen me confie avoir été jalouse de la grande foi juive de Gérard; elle qui appartient dès sa naissance à cette confession religieuse.
Une plaque d’honneur pour Gérard Étienne
En ce mardi, 2 mai 2019, dès 5h PM, en face du 6615, Baily Rd, Ville de Côte Saint-Luc, une plaque d’honneur est dévoilée pour éterniser la présence de Gérard Étienne dans ce quartier de l’Ouest de Montréal, témoin de ses premiers moments au Québec. En cet instant spécial, l’amitié israëlo-haïtienne, qui remonte à 1947 quand, au sein de la SDN, il fallut le vote d’Haïti pour faire d’Israël un État, était en même temps à l’ordre du jour. Par solidarité religieuse, l’assistance à ce mémorial pour Gérard Étienne comportait beaucoup plus de Juifs et d’Israéliens que d’Haïtiens. On pouvait compter sur les doigts le nombre de compatriotes présents, dont le Dr André Arcelin et sa femme Nicole, accompagnés de leur fille Isabelle; Dr Momplaisir, ancien Doyen de la Faculté de Médecine d’Haïti, accompagné de son épouse; M. Frantz Voltaire, Éditeur; M. Harold Pinder, animateur culturel; Mme Valérie Mazile et moi-même, votre serviteur.
Un concert très spécial pour Gérard Étienne
C’est à l’auditorium de l’Hôtel de Ville de Côte Saint-Luc qu’a eu lieu un concert dédié à Gérard Étienne, dans la soirée du 2 mai 2019, peu après le dévoilement de la plaque d’honneur sur l’accotement du Baily Rd.
Tout a commencé par une prise de parole, avec Philippe Meniou, un diseur de métier qui déclamait avec une rare maîtrise des vers de Gérard Étienne, tirés de son recueil de poèmes « J’ai le goût » où il arpente la géographie du corps de l’être aimé; une ardeur qui prend parfois la forme du mal d’Haïti, en un déluge de mots enrobés à la fois de la rage de vivre et des espoirs perdus de son terroir natal.
Puis venait la partie musicale menée de main de maître par le maestro Jacques Schwarz-Bart au saxophone, qu’accompagnaient Steeve Amirault à la basse, Martin Auguste au keyboard et Rémi-Jean Leblanc au piano. Un quatuor qui s’était dépassé dans des interprétations de toute beauté, telles que « Bleues-dyondyon » ; « Jazz-Rasin Ayiti » ; « Pa pale », d’expression coloniale; des airs de mélodie-jazz sur fond de psaumes d’inspiration juive et vodou, ainsi que quelques rythmes universels comme ceux du Maroc et de la Guadeloupe, le territoire français ou naquit cet excellent meneur de jeu, le lead vocal et saxophoniste Jacques Schwarz-Bart.
La fin de ce concert en hommage à l’enfant chéri du Judaïsme, le grand poète et romancier Gérard Étienne, était saluée par une ovation debout qui ramenait deux des musiciens sur scène pour une dernière prestation sollicitée par un cœur enchanté et vécue comme la cerise sur le gâteau, tant le rythme était entraînant.
En effet, après Toussaint Louverture qui eut droit, il y a environ trois ans, à une stèle érigée sur la place qui porte son nom à Montréal, non loin du métro Sherbrooke, c’est au tour de Gérard Étienne d’être honoré d’une plaque posée sur socle et gravée d’un texte approprié à sa dimension, par la Ville de Côte Saint-Luc, en face du 6615, Baily Rd, une avenue qu’il longeait tous les samedis en compagnie de son inséparable Natania.
Mérès Weche