Par Jean Emmanuel Jacquet
Playlist Média et la plateforme de streaming musical, Diskòb, ont présenté, le lundi 15 juillet 2019, à Jaden Sanba, à Port-au-Prince, une conférence autour de l’industrie du stream dans le monde, consacrant ainsi un volet sur la question par rapport à Haïti.
Autour du thème : « Le streaming musical représente-t-il l’avenir de la musique haïtienne ? », les intervenants, Ricardo Nicolas de Playlist Média et Wedly Mozeau de Diskòb, ont tour à tour parlé du streaming musical, les avantages et les contradictions.
Ricardo Nicolas a parlé de l’aspect commercial du streaming qui, a-t-il rappelé, consiste à consommer les produits sans pourtant les posséder. Il reconnaît en effet que la musique est désormais devenue plus accessible grâce à des plate-formes qui permettent de regarder ou/et d’écouter des musques au choix.
Il a évoqué plus loin une musique 2.0, avec notamment la prédominance du cloud, sorte de nuage imaginaire, selon lui, permettant de stocker des musiques à sa guise. Avec le streaming, les consommateurs peuvent en effet mieux gérer l’espace de stockage sur leurs téléphones (pas besoin de beaucoup d’espace).
Les chiffres mentionnés par Ricardo Nicolas démontrent l’ampleur du streaming à travers le monde. 9.5 milliards de dollars américains de vente de musique en streaming aux États-Unis, contre 736 millions en France. Et au fur et à mesure, la propension deviendra importante : déjà aujourd’hui, 50% de musique sont vendues en streaming. Sans compter que cette industrie consomme 75% de la vente de musique mondiale.
Pour le conférencier, le steaming a boosté la musique mondiale. Et quatre(4) avantages principaux existent, selon lui, avec le système de streaming, parmi de nombreux, à savoir : la qualité sonore, la qualité de l’audiothèque de l’utilisateur, l’effet papillon et son utilisation facile.
Le streaming et ses contradictions
Pour sa part, sans vouloir concurrencer, à ses débuts, les plateformes de stream les plus populaires, comme Deezer, Spotify, …, Wedly Mozeau, de la plateforme Diskòb, promet de s’investir à fond dans ce secteur dans les 5 prochaines années.
Aujourd’hui, regrettant le fait qu’il n’y ait pas suffisamment de données en Haïti, dans ce secteur, pour faire des prévisions, Wedly Mozeau demeure pourtant confiant. Dans son intervention, il a préféré parler du streaming et de ses contradictions. Il a d’abord évoqué le problème de la rémunération des artistes ainsi que de la rentabilité des activités. Les méthodes de paiement vont, selon lui, être plus difficiles, si l’on tient compte du prorata international.
Trois grands problèmes surviennent en Haïti, selon Wedly Mozeau. D’abord, le problème du label : artiste/utilisateur. On sent aujourd’hui, selon lui, que les plateformes en Haïti vont être attendues beaucoup plus pour résoudre les problèmes des artistes. Or c’est aussi important de résoudre ceux des utilisateurs qui doivent trouver la musique de leur choix ainsi que toutes les offres proposées par les plateformes.
Il y a aussi, selon le deuxième conférencier, le problème du hit et de sa pérennité. La qualité des musiques, du son, du texte, … Enfin, celui des droits d’auteur : la plus difficile dans l’industrie du streaming en Haïti. Les consommateurs avouent qu’ils peuvent trouver les musiques gratuites donc pas besoin de payer une plateforme pour avoir accès à des streams.
Wedly Mozeau a profité de sa conférence pour lancer le débat, se demandant pourquoi les artistes et créateurs haïtiens ne font-ils pas confiance au Bureau Haïtien des Droits d’Auteurs (BHDA). Il croit qu’il y a, à ce niveau, du travail à faire.
Il a enfin terminé son propos en évoquant deux particularités à comprendre par les utilisateurs de plateforme streaming : premièrement, dans le streaming on n’achète pas, on s’abonne pour pouvoir écouter des musiques au choix; deuxièmement, le streaming, ce n’est pas une plateforme de découverte, on cherche les artistes et/ou les musiques que l’on souhaite écouter.