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Rencontre avec la comédienne Gaëlle Bien-Aimé autour de l’école d’art dramatique ACTE 
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Rencontre avec la comédienne Gaëlle Bien-Aimé autour de l’école d’art dramatique ACTE 

 

Par Sahidna Antoine

À l’approche de sa dernière semaine d’admission qui prendra fin ce 24 juin 2022, ACTE, école d’art dramatique, continue de vivre et de faire vivre un rêve que l’équipe fondatrice qualifie tout bonnement de fou. Pour avoir plus de détails sur cette aventure qui a pondu déjà deux promotions , SiBelle Haïti s’est entretenue avec  la comédienne Gaëlle Bien-Aimé, qui est directrice pédagogique et artistique de la dite école.

 

SiBelle Haïti :Parlez-nous de la fondation de ACTE ?

 

Gaëlle Bien-Aimé : Nous sommes plusieurs à avoir constaté qu’il n’y avait pas d’écoles de ce genre en Haïti. Avec la fermeture du Petit conservatoire, l’Enarts qui jongle entre ouverture et fermeture, on avait le souci de sortir de l’improvisation totale comme on fonctionne dans le pays, de structurer les choses, de créer des professionnels. Alors, nous nous sommes concertés d’en monter une et en 2018, on a reçu notre première promotion dans le tâtonnement, sous la pression et le chaos que connaissait le pays. Cela sort aussi, de mon côté comme du côté de mes collaborateurs, d’un besoin de partager, d’enseigner sur ce domaine qu’est l’art dramatique. Et depuis lors, on ne cesse d’évoluer avec nos jeunes, avec qui on travaille, car ACTE est un espace d’apprentissage et de construction pour les jeunes.

 

SiBelle Haïti : Pourquoi tenez-vous tant à dire que c’est une école pour les jeunes ?

 

Gaëlle Bien-Aimé : (Rires!) On pioche dans une intervalle de 19 à 27 ans, car le cursus selon moi est fait pour des jeunes, à qui on demande de consacrer du temps à leurs études, qui ont de l’amour et de l’envie d’apprendre. Il y a un niveau de concentration, de folie telle qu’on croit que ce sont eux qui pourront y répondre.

 

SiBelle Haïti : Parlez-nous du corps professoral ?

 

Gaëlle Bien-Aimé : Je suis fière de mes profs,  collaborateurs, j’ai les meilleurs franchement !Nous sommes 14 environ. Que ce soit  l’incontournable Michèle Lemoine, David Duverseau, la splendide Yanick Lahens, Jenny Avril, Claude Ardy Julien ou encore  Amos César, Staloff Tropfort  ou même Gessica Généus, je suis comblée à ACTE. Et avec eux, les étudiants sont entre de bonnes mains.

 

SiBelle Haïti : Quels cours ACTE offre-t-elle ?

 

Gaëlle Bien-Aimé : Sur une période de deux ans, on offre un cursus complet, avec plus de 15 cours, on veut qu’ils/elles aient une formation adéquate, tant sur le plan national qu’international. On va du cours d’interprétation, d’écriture humoristique, de littérature contemporaine, des cours sur le travail du corps et de la voix, d’analyse de textes, mais également on donne des cours de philosophie, d’introduction  à la communication, de sociologie, de scénographie, etc. Et après ce cursus, nous avons des partenariats avec des écoles étrangères où certains de nos étudiants y vont en résidence.

 

SiBelle Haïti : Pourquoi rechercher des subventions pour les élèves ?

Gaëlle Bien-Aimé : Malheureusement, faire une école d’art en Haïti n’est pas chose facile,  des parents ou proches sont capables de s’endetter pour d’autres études mais, quant à l’art, ils ne feront pas de dépenses vraiment. En ce sens, si les étudiants ne sont pas en mesure de payer les 30 000 mille gourdes réclamées, on fait des demandes de parrainage où des samaritains nous aident.

 

SiBelle Haïti : quelles sont les attentes de l’école vis-à-vis de ses élèves ?

 

Gaëlle Bien-Aimé :On veut qu’ils s’amusent,  qu’ils soient fous, folles. On ne s’attend pas qu’ils/elles sortent tous comédiens.ennes, acteurs actrices. Le monde du théâtre est assez large, après ces deux ans à ACTE, ils sortent avec un bagage, une culture approfondie dans le domaine, on veut aussi des scénographes, des dramaturges…

 

SiBelle Haïti : Du haut des 2 promotions de l’école, vous avez  des étudiants qui ont marqué l’école ?

 

Gaëlle Bien-Aimé : Bien sûr,  nos étudiants sont fascinants,  je le dis souvent, il faut être fous, passionnés pour vouloir se diriger dans le théâtre en Haïti. Mais quand tu as Cantave K qui cartonne avec son show dans tout le pays, Néhémie Bastien dans le film FREDA, David Duverseau, photographe, musicien ou encore Phanuella Lincifort, médecin et comédienne, dramaturge qui décroche des prix, des résidences avec des projets spectaculaires. On ne peut être que marqué par leur évolution,  leur performance et leurs travaux.

 

SiBelle Haïti : Ce 24 juin marque la fin des admissions, comment possède t-on pour être admis ?

 

Gaëlle Bien-Aimé : 24 certes, si vous passez au 18, Impasse Baron, Turgeau, mais 26  juin si vous le faites en ligne. Il faut remplir le formulaire, apporter les pièces demandées (photo d’identité,  preuve de fin d’études secondaires entre autres) ou pour plus simple allez sur  le www.actehaiti.com et remplir le formulaire. Et quelques jours après, soit entre le 28 juin et le 1er juillet, on fera les auditions  toujours au local de l’école. Pour accueillir la nouvelle promotion en septembre 2022.

 

SiBelle Haïti : Outre la formation en 2 ans,  quel autre enseignement offre l’école ?

 

Gaelle Bien-Aimé : Il est possible que certaines personnes suivent des cours sans pour autant répondre au cursus imposé, comme le cours d’interprétation et d’art oratoire sont deux cours qui sont pas mal demandés par des chanteurs/chanteuses qui veulent être mieux sur la scène,  mieux projeter leurs émotions et tout.

 

SiBelle Haïti : Qu’est-ce qui motive  ACTE, à un moment où Haïti et le monde du théâtre s’assombrissent ?

 

Gaëlle Bien-Aimé :  C’est peu dire, s’assombrit. Mais avec la pédagogie mise en place, les professeurs nationaux et internationaux, l’engouement des étudiants, notre volonté de redynamiser l’entreprise de spectacles dramatiques en Haïti ne s’atténue pas. On sait qu’on a pas beaucoup de moyens, on espère de l’aide mais demeure motivée. ACTE l’est surtout quand on constate que nos étudiants sont sur des voies différentes et cartonnent. Il y a certes des hauts et des bas.

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