Par Adlyne Bonhomme
« Richard Pierrin est un jeune de 19 ans, natif de Petit-Goâve, qui se veut être un chasseur d’images et un passionné de lettres ». S’est ainsi présenté celui qui a décroché la deuxième place à la première édition du concours de photographie organisé par l’agence Wellcom et le Kolektif 2 Dimansyon (K2D). Concours soutenu par L’Union Européenne, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai dernier.
Richard Pierrin, chez qui rien ne suture le goût pour les clichés des mouvements populaires, baigne dans l’univers de la photographie, il y a bientôt 4 ans. Il n’avait pris au début que des photos d’évènements. C’est à la fin de l’année 2019 en effet qu’il s’est intéressé au photojournalisme, le journalisme où l’on fait face au béton, pour reprendre ses mots. Ce, dit-il, pour avoir un espace où vraiment donner corps à son engagement social et citoyen.
Aidé et motivé par des noms illustres de l’échiquier de cet art en Haïti et à l’étranger, particulièrement (Chery Dieu-Nalio, Valérie Baeriswyl, Jeanty Junior Augustin, Jean Marc Abelard, Johnson Sabin), Richard s’enracine dans la question de l’image et en fait un vrai régal.
On commençait à bien connaitre le jeune homme pour ses clichés, notamment sur des manifestations de rue, mais c’est son reportage du 17 octobre 2020 qui l’avait révélé véritablement au public.
« Le reportage du 17 octobre m’avait ouvert un peu à la reconnaissance et m’avait permis de me rendre compte aussi moi-même de mon potentiel », a avancé celui qui avoue devoir sa formation en grande partie à l’internet.
Richard chemine, cliché après cliché et ambitionne de s’octroyer un siège sur le plateau des photographes importants du monde.
Si le jeune met tout son cœur à cette tâche consistant à abattre des clichés, il croit néanmoins que le métier est difficile et lui exposé à des dangers énormes. « C’est un métier qui comporte des risques réels et importants. On peut te tirer dessus, te bombarder de gaz lacrymogènes et, le cas échéant, te mettre en prison », a-t-il expliqué, concluant que seuls les vrais passionnés pourraient pratiquer une telle activité.
Interrogé sur ce qu’il gagnerait comme salaire par mois, il s’est gardé d’évoquer un montant. Toutefois, l’employé de Juno7 confie : « j’ai eu des jours difficiles à mes débuts, je ne peux pas dire que je retombe sur mes pattes aujourd’hui, mais j’ai un salaire, comme tous les journalistes, qui me permet, autant que faire se peut, de fonctionner », ce qu’il a dit non sans un petit rire en coin.
Richard travaille actuellement sur un documentaire autour du thème : « coumbite : la solidarité en voie de disparition ». Dans ce travail qui conjuguera des photos avec des textes « légendes », le photojournaliste rendra compte des scènes de coumbite dans des campagnes choisies du pays où existent encore ces formes de solidarité. Ce travail qu’il promet entre juillet et septembre proposera des expositions et bien d’autres activités, en l’occurrence sur la question de la solidarité en Haïti.