Par Walner Olivier
« Verbe du silence » de Emmanuel Ménard, une poésie qui remporte la palme en matière d’oxymore. Le texte se distingue par la dominance de cette figure d’opposition qui y réside tout le long du texte.
De toutes les figures de styles qui attirent fortement l’attention dans les discours poétiques, l’oxymore jouit d’une considération inestimable pareille à la métaphore.
L’oxymore se définit comme une figure de type micro-structural, selon le spécialiste de sémiotique et de stylistique française, Georges Molinié (2006), qui » établit une relation de contradiction entre deux termes qui dépendent l’un de l’autre ou qui sont coordonnés entre eux… » . Cette alliance de mots contradictoires dans un énoncé permet de découvrir certains points de vue du sujet énonciateur sur un fait ou un objet.
Si des écrivains comme Pierre Corneille et Victor Hugo sont érigés en parangons de l’oxymore pour des exemples célèbres- « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles – cette petite grande âme venait de s’envoler »-, le poète Emmanuel Ménard dans son texte poétique fleuve » Verbe du silence » s’y taille désormais une place.
Découvrons certains oxymores à travers des fragments des 50 premiers pages de son »Verbe du silence » de 109 pages, paru le 1er janvier 2004 aux éditions Cosmos.
»O douce cacophonie »
au son entremêlé
de mes »soupirs étouffés ».p.12
[…] et pourtant
pourtant la »blancheur du noir »
»pâle couleur aux expressions vives »,p.13
»Que je noie
dans le réel »infini
de la finitude »
des croyances pour réveiller la conscience des »inspirés étourdis »
et sonner le glas
des » doctrinaires sans doctrine ».p.17.
J’ai confondu mes espoirs
Avec mes espérances
d’hier
et pourtant
Pourtant la planète
notre terre
Commune maison des hommes
»nécropole de survivants ». P.18.
Et pourtant ces immigrants involontaires
»nomades sédentaires »p.20.
« O vérité mensongère ».p. 22.
et eux
ils sont de mon pays
parcelle poussière
d’île
Sainte terre magique
« Sacré enfer »
du « paradis maudis ». p.25
»[…]expert en traquenard
en grande tenue en bue
tels
des pompiers pyromanes », p.30
[…] comme en syncope
les éternels va-nu-pieds
aux »immobiles mouvements »
atteints d’ilôtisme
lampent la coupe pleine
de la sempiternelle fange. p.31.
Et pourtant
Le »laxisme agissant » de ces »citoyens sans cités »
dégaine frénétique
d’élites stériles.p.40.
[…]l’intelligence futile
de savants boudinés
»scientifiques analphabètes ».p.50